FR

Loup Lejeune est né à Paris en 1992. Il y débute sa formation artistique en étudiant la musique au Conservatoire national de Montreuil, tout en suivant un cursus en arts appliqués au lycée Maximilien Vox. Il poursuit ensuite une licence en architecture d’intérieur à l’École Boulle. En 2013, il s’installe à Bruxelles pour intégrer l’atelier de Jean-Pierre Muller à La Cambre. Au cours de ce cursus, il effectue un échange à la Central Saint Martins de Londres, au sein du département Fine Art. Dès 2016, son travail est exposé lors d’événements d’envergure : le salon Art Élysées pendant la FIAC, ainsi qu’au Musée d’Orsay dans le cadre des Curieuses Nocturnes. En 2017, il participe à l’exposition collective Tate Exchange à la Tate Modern (Switch House) à Londres, ainsi qu’au Prix de la gravure au Centre de la Gravure et de l’Image imprimée de La Louvière, en Belgique. En 2018, il est l’un des lauréats des Coups de Cœur de La Cambre et prend part à l’exposition Aemergence à La Station (Paris). L’année suivante, en 2019, il conçoit les décors et la performance Ancolie à la Fondation Moonens (Bruxelles) et participe à l’exposition inaugurale du GBCAM à Quanzhou, en Chine. Il est également publié dans la revue Exhibition Magazine (S/S19). En 2020, la galerie Laval le représente au salon En Piste ! à La Boverie, à Liège. En 2022, il prend part à plusieurs expositions : Décors et Paysages au Parlement Européen, le Prix Médiatine, ainsi que l’exposition collective Loci à la Chapelle du Grand Hospice à Bruxelles. En 2023, il expose à l’espace Plagiarama (Light of the Past), à La Maison des Arts (Sub Terra) et participe à l’exposition collective Homo Spectator. En 2024, ses œuvres sont présentées à la galerie Cécilia F. dans So Sorry, à la galerie Sarto à Paris pour L’Âme de la jungle, ainsi qu’au salon SAFFCA Fall 2024 à Bruxelles. En 2025, Loup Lejeune part pour une résidence artistique de dix semaines en Afrique du Sud, dont une étape marquante se déroule au cœur du cratère d’impact d’astéroïde de Vredefort.

EN

Loup Lejeune was born in Paris in 1992. He began his artistic training by studying music at the National Conservatory of Montreuil, while also pursuing applied arts at Lycée Maximilien Vox. He then completed a Bachelor's degree in Interior Architecture at the École Boulle. In 2013, he moved to Brussels to join Jean-Pierre Muller's studio at La Cambre. During his studies, he took part in an exchange program at Central Saint Martins in London, within the Fine Art department. His work began gaining recognition in 2016, with exhibitions at major events such as the Art Élysées fair during FIAC, and the Curieuses Nocturnes at the Musée d’Orsay. In 2017, he participated in the group show Tate Exchange at Tate Modern (Switch House) in London, and in the Printmaking Prize at the Centre for Engraving and Printed Image in La Louvière, Belgium. In 2018, he was one of the winners of La Cambre’s Coups de Cœur Prize, and took part in the Aemergence exhibition at La Station in Paris. The following year, in 2019, he worked on the set design and performance Ancolie at the Moonens Foundation in Brussels, and contributed to the opening exhibition of the GBCAM in Quanzhou, China. That same year, he was featured in Exhibition Magazine (S/S19). In 2020, he was represented by Galerie Laval at the En Piste! art fair at La Boverie in Liège. In 2022, he participated in several exhibitions, including Décors et Paysages at the European Parliament, the Médiatine Prize, and the group show Loci at the Grand Hospice Chapel in Brussels. In 2023, he exhibited at Plagiarama (Light of the Past), at La Maison des Arts (Sub Terra), and took part in the group show Homo Spectator. In 2024, his work was presented in So Sorry at Galerie Cécilia F., in L’Âme de la jungle at Galerie Sarto in Paris, and at the SAFFCA Fall 2024 fair in Brussels. In 2025, Loup Lejeune embarked on a ten-week artist residency across various regions of South Africa, with a highlight being his time at the heart of the Vredefort impact crater.

STATEMENT


FR

La pratique de Loup Lejeune questionne les rapports de force qui s’exercent aujourd’hui entre nature et culture. C’est une quête de conscience au travers d’éléments anciens. Pétrole brut, sang de limule, os fossilisés, fougères archaïques et pierres de lave sont autant de matériaux qu'il perçoit comme chargés d’une temporalité profonde. Traces hantées des premiers jours du monde qui soutiennent une meilleur lecture de son environnement. Fil conducteur de son travail, ces matériaux intemporels l’éclairent et le guident dans l’exploration de son territoire plastique. Leurs formes, matérialités et propriétés s’infiltrent et influent son cheminement. Ces matières, de par leur temporalité profonde, nous confrontent à la nature éphémère de notre condition humaine. Notre échelle temporelle alors confrontée à celle de ces matériaux révéle aussi la violence qu’exerce l’empreinte de l’Homme sur le monde. Nous avons déjà créé nos propres fossiles, les vestiges de notre activité imprègnent la planète. Les temps humains altèrent les temps géologiques.

      À la croisée des ères, le récit qu'il propose prend racine dans les profondeurs océaniques et s’élève jusqu’au sommet des volcans. L’eau se mêle à la boue, la glace à l’encre, l’os au papier. Les pièces de Loup Lejeune sont pensées comme des vanités de l’époque industrielle. Vanités qui se révèlent par la mise en présence de ces éléments primitifs avec des traces humaines manufacturés.

     La collecte de matières premières et d’images, l’engagement sur le terrain puis la phase productive en atelier sont déterminants pour le développement de son travail. Les relevés d’empreintes prennent successivement les formes de moulages, de photos, de vidéos et d’impressions sérigraphiées. Les corps minéraux et organiques ainsi archivés seront ensuite réduits en pigments pour la production d’encres signifiantes qu’il utilise dans ses impressions. Le processus mécanique de la sérigraphie s’associe à la vitalité de ces corps minéraux et organiques, les particules naturelles fusionnent avec la trame normalisée. La technique protocolaire est ici éprouvée par la morphogenèse. Celle-ci apporte une irrégularité et une singularité à la production sérielle.

      La propriété des matériaux constitue donc une inspiration majeure dans son processus créatif.  L’observation et la manipulation des états transitoires de la matière - fontes, oxydation, porosité, etc... - engendrent à la fois des sujets, mais aussi des modes d’action. Il n’impose pas une image issue de son cerveau aux matières, mais c’est l’exploration de ces matières qui le conduit, couche après couche, à la production. L’expérimentation transforme ses intuitions en actes.


EN

My artistic practice questions the balance of power at work between nature and civilisation today. It is a quest for knowledge and understanding of the present through ancient elements. Elements intertwining myths from the depths of time, the history of fire and ice, and blood and sap. A heritage that I celebrate and to which I seek to pay tribute. Crude oil, blood of a horseshoe crab, fossilised bones, archaic ferns and lava stones, these are all materials that I feel are charged with a profound temporality. Haunted traces of the first days on earth, they reinforce my view of the world, taking shape layer upon layer. To me, these atemporal materials convey a sense of earthly anchorage. The very thread that conducts my work, they enlighten and guide it in the exploration of my sculptural realm. Their shapes, textures and properties infiltrate and radically influence my path. These raw materials echo the genesis of the world, by virtue of their profound temporality, inevitably confronting us with the ephemeral nature of the human condition. Our scale of time confronted with that of these materials reveals the violence of the Anthropocene footprint on the world. We have already created our own fossils, vestiges of civilisation permeate the planet. Human time is altering geological time.

At the crossroads of eras, the story that I offer is rooted in the depths of the ocean and rises to the tops of Bolivian volcanoes. Water mixes with mud, ice with ink, bone with paper. My pieces are conceived as vanities of the industrial era. Vanities that emerge when uniting these primitive elements with manufactured remnants of humanity.

The collection of raw materials and images, the fieldwork and then the studio production phase are crucial factors in the development of my work. The imprints take shape in casts, photos, videos and screen prints. Once the mineral and organic bodies are archived, they are then reduced to pigments that I use as ink for my prints. The mechanics of the screen-printing process bind themselves to the vitality of these mineral and organic bodies, the natural particles merge with the standardised screen. The proven method here is morphogenesis. It brings a certain irregularity and singularity to the series' production.

The property of the materials is therefore a major inspiration in my creative process. The observation and manipulation of the transitory states of the material (cast, oxidation, porosity, etc...) engender both the subjects and the modes of action of my work. The images I impose on the materials do not come from my mind, it is the very exploration of the materials that informs the production, layer after layer. Experimentation transforms my intuition into action.